Développement et Paix, l’organisme de justice sociale internationale de la Conférence des Évêques Catholiques du Canada, nous demande de le soutenir financièrement comme chaque année en ce 5ième dimanche du carême. Au Canada, des milliers de personnes s’engagent dans les campagnes de mobilisation et de collecte de fonds pour sensibiliser la population canadienne aux causes de l’injustice internationale. L’année dernière, Développement et Paix a investi 31 millions de dollars dans 149 projets axés sur la justice pour les femmes, la justice écologique, la paix et la réconciliation, sur la démocratie et la participation citoyenne, et à l’aide humanitaire. Ces projets sont développés dans 36 pays en Afrique, Amérique latine, Asie et Moyen-Orient rejoignant 17 millions de personnes. 80% du budget de Développement et Paix est consacré aux projets internationaux, 10 % aux programmes de formation et d’éducation au Canada et un autre 10 % à l’administration et aux opérations.
Plus précisément Développement et Paix nous invite cette année à être solidaire avec les habitants de la forêt amazonienne, qui couvre 9 pays d’Amérique latine et compte 3 millions d’autochtones dont beaucoup souhaitent continuer leur mode de vie traditionnel, vivant de la cueillette et de la chasse. L’Église leur a consacré tout un synode l’an dernier. Le pape pense que les peuples autochtones ont un plus grand respect pour la création que nous, qu’ils ont une grande richesse culturelle - ils parlent de multiples langues - et qu’ils défendent la beauté de la création. Le pape souhaite que l’Église adopte aussi un visage autochtone.
Le pape nous a invité à prendre soin de notre maison commune dans sa lettre encyclique Laudato si’ dont nous fêterons le 5ième anniversaire au mois de mai prochain. La forêt amazonienne contribue à régler le climat de la planète pour l’empêcher de se réchauffer en absorbant des gaz à effet de serre. Malheureusement, des gouvernements latino-américains et des compagnies internationales veulent déboiser l’Amazone en vue d’obtenir un profit immédiat au détriment du climat. Des chercheurs à l’Institut National de Recherche Spatiale au Brésil ont montré qu’à cause de la déforestation environ 1/5 ème de la superficie de la forêt amazonienne a perdu sa capacité d’absorber les gaz à effet de serre et en est devenu une source contribuant au réchauffement du climat. Les causes de la déforestation sont l’élevage bovin, l’agriculture industrielle, l’exploitation forestière sauvage, l’exploitation minière polluante et les barrages hydro-électriques dont la construction rase et inonde les paysages forestiers et déplacent les populations sans leur consentement Nous sommes souvent complices de ces méfaits en consommant la viande et autres produits agricoles et industriels provenant de ces régions.
Au Pérou, Développement et Paix travaille avec le Centre amazonien d’anthropologie et d’application pratique pour protéger l’Amazonie et les droits des peuples autochtones.
Le document de discussion du synode sur l’Amazone fut écrit par des latinoaméricains. L’exhortation du pape ne fait qu’accompagner le document final du synode. Le thème de l’écoute est au centre de l’exhortation du pape. L’exhortation exprime la conscience que le synode est un endroit où les récits de cas vécus sont discutés en tant qu’expériences partagées et non comme cas théoriques. Le pape écrit que parmi les participants du synode il y avait beaucoup de personnes qui connaissaient mieux que lui ou la curie romaine les problèmes de l’Amazonie. Puisqu’elles vivent là-bas, elles font l’expérience de la souffrance de l’Amazonie et l’aiment passionnément. Le pape reconnaît que la terre amazonienne est une mère à contempler et avec qui entrer en communion comme le font les autochtones. « Nos voix se mêleront à la voix de la terre et deviendront une prière » dit-il citant une poétesse amazonienne. En citant des poèmes et des symboles qui nous font aimer l’Amazonie, le pape veut combattre la culture, destructrice, du consumérisme qui nous afflige toutes et tous. “Je rêve d’une région amazonienne capable de préserver sa richesse culturelle particulière, au sein de laquelle brillent la beauté et notre humanité de manière si diverse”, dit encore le pape.